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Enfin bon bref, la vie quoi !
2 février 2011

Mes débuts d'écrivaine !

Je (Anne) suis allée hier assister à mon premier Atelier d'écriture. J'avais vu une annonce dans le journal et renseignements pris, j'y suis allée.

Nous avons tiré une petite feuille au hasard. Sur la mienne était écrit :

« J’ai lu ce livre la première fois à l’âge de 8 ans et j’ai pleuré »


La dame a dit : vous avez une heure pour continuer le récit à partir de cette phrase...
Puis 15 minutes avant la fin, elle a dit : "deux autres consignes :

  1. à l'endroit du récit où vous en êtes, insérez une citation (chanson, poème, ...)
  2. dans la dernière phrase, vous devez ajouter un mot de la phrase que vous avez tirée"

Voila ce qu'il en est sorti :


J’ai lu ce livre la première fois à l’âge de 8 ans et j’ai pleuré. Il m’avait été prêté par mon grand-père Antonin. On voyait qu’il avait déjà beaucoup vécu, ce livre. Ses pages étaient toutes fripées d’avoir été manipulées.

Antonin m’avait dit : « Je sais que tu n’aimes pas trop lire mais fais moi confiance, je suis certain qu’il va te plaire ».

« Ppppfff, ils m’ennuient ces adultes à toujours vouloir me faire lire. J’ai d’autres choses à faire moi ! ».

En effet, ma vie à huit ans était bien remplie. Par les heures passées à l’école bien sur (pas mes préférées), mais surtout par ce que j’appelais « mes bricolages ».

 

Nous habitions à l’époque, mes parents et moi, dans la cité ouvrière, près de la grosse usine. La rue était bordée d’une enfilade de petites maisons mitoyennes en briques rouges. Devant chacune d’elle, un petit jardinet plus ou moins entretenu ajoutait un peu de verdure au paysage.

Au bout de la rue commençait mon Domaine. Un vaste terrain vague qui avait servi autrefois de décharge et qui maintenant, ne servait plus à rien. Enfin ça, c’est ce que disait ma mère en bougonnant. Parce qu’à moi… il me servait énormément ce terrain vague !! C’est là que j’avais construit mon Domaine. C’est là aussi que je trouvais ma matière première.

Mon Domaine consistait en une spacieuse cabane secrète dont l’entrée était camouflée par de grandes herbes. J’y passais le plus clair de mon temps à assembler toutes mes trouvailles pour fabriquer « mes bricolages ». Je prenais autant de plaisir à chiner dans le terrain vague qu’à réfléchir à la manière d’organiser tout cela, en un résultat qui me plaise.

 

Je ne savais pas trop pourquoi je faisais cela. Ce que je sais, c’est que je ne voyais pas le temps passer quand j’étais lancée ! Et c’est quasiment toujours les appels de mon père, à l’heure du repas, qui me faisaient reprendre pied dans la réalité.

 

Je ne montrais à personne mes bricolages car je savais que les autres n’y comprendraient rien. J’en avais apporté un petit, une fois, à l’école, pour le faire voir à ma meilleure amie. Mais, à mon grand désarroi, elle avait explosé de rire en le voyant. Puis, grimaçante, elle l’avait attrapé du bout des doigts et avait entamé le tour de la cour, en courant et en criant, bientôt rejointe par tous les autres grands. Je ne lisais que dégoût et moqueries sur tous ces visages.

J’avais décidé ce jour-là de ne plus jamais rien montrer à personne. J’avais été profondément blessée par leur comportement imbécile.

 

J’étais retournée dans mon Domaine pour digérer ma déception mêlée de colère et d’incompréhension. Je n’avais pu en parler à personne. J’avais réparé mon petit bricolage qui avait un peu souffert de ce tour de piste. Je pleurais, mais je chantais aussi, dans ma tête, cette chanson d’Aznavour que mon grand-père aime tant : « Je m’voyais déjà en haut de l’affiche. En dix fois plus gros que n’importe qui mon nom s’étalait… ». Une fois réparé, j’avais reposé mon bricolage à sa place, sur la cagette – étagère du haut.

 

C’est ce jour-là, je m’en rappelle très bien forcément, que j’ai commencé le livre de pépé.

A la fin de la première page, j’avais cessé de pleurer.

Au milieu de la deuxième, je reniflais pour la dernière fois.

Au début de la troisième, j’étais tellement absorbée par le récit que je sursautais au cri de mon père énervé, qui m’appelait déjà depuis quelques minutes.

 

De quoi parlait ce livre…

D’un artiste d’art contemporain.

Je n’aurais pas su dire si c’était un roman ou une biographie. Je n’ai retenu de cette première lecture que le fait que cet artiste créait ses œuvres… à base de matériaux de récupération… tout comme moi finalement !

Quel soulagement !

Je n’étais donc pas seule dans ce vaste monde !

Et mes bricolages porteraient désormais un nom : « œuvres d’art »

Merci pépé pour cette découverte !

J’en ai pleuré.

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Commentaires
G
C'est quand même génial ce qu'on peut arriver à "bricoler" avec un peu d'imagination ! ;-)
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