Rédigez une conversation

La consigne du jour :

Rédigez une conversation entre des convives réunis autour d'une table.

« Allez ma fille courage… faut y retourner ! »

Alice est dans sa cuisine depuis quelques longues minutes maintenant, à faire semblant de s’affairer. Elle entend, venant de la pièce d’à côté, une conversation animée. Mais elle doit se faire violence pour y retourner et reprendre place parmi ses amis. Elle rêverait de pouvoir faire comme les enfants ou les autruches : rester là et attendre, attendre que les évènements se déroulent… mais sans elle !

Mais quelles idées elle a parfois ! Il y a un mois, lorsqu’elle a lancé les invitations, elle était dans une phase euphorique, avide de voir ses amis ou de rencontrer de nouvelles personnes. Le problème avec sa meilleure amie Joëlle… c’est son mari Georges ! Enfin, surtout le fait que Georges soit pilote de ligne, sous entendu, constamment over booké, comme les avions qu’il conduit.

La dernière fois qu’elle l’a vue, Joëlle lui a parlé de Thérèse, la « nouvelle » sœur de Georges. J’entends par « nouvelle », une enfant qu’a eut son père hors mariage et qui a trois ans de moins que Georges. D’après Joëlle, cette thérèse est Gé-ni-ale ! Depuis 2 mois qu’elles se connaissent, elles sont devenues inséparables.

Alice tape une cuillère pleine de sauce sur le rebord du saladier pour gagner encore quelques minutes.

-         « Que ça m’agace de ne pas avoir envie comme ça… tout ça à cause de ces gens constamment occupés. Du coup, quand moi j’avais envie de les voir eux n’étaient pas libres. Et aujourd’hui qu’ils sont là, c’est moi qui n’y suis pas vraiment. »

Alice jette un œil dans la salle à manger et observe Thérèse :

-         « C’est vrai qu’elle est étonnante cette nana. Elle a vraiment l’air bien dans sa vie, posée, attentive aux autres. Je comprends mieux pourquoi Joëlle l’adore »

Depuis l’accident assez grave qu’elle a eut l’an dernier, Alice sent qu’elle change. Et là, même si ce n’est absolument pas le moment, debout dans sa cuisine, elle subit une prise de conscience profonde et violente : la futilité des papotages ne l’intéresse plus et même l’insupporte : les descriptions à n’en plus finir du mariage de untelle, la super semaine passée au Clubmed de Ouarzazate, le choix de la couleur du salon repeint pour la nième fois… elle n’en peut plus… elle n’en veut plus.

C’est dur à dire mais sa relation avec Joëlle est essentiellement basée là-dessus. Mais quand même, Joëlle a toujours été sa meilleure amie et sa seule vraie amie… alors quoi ? Une envahissante sensation de solitude mêlée d’angoisse monte en elle.

Une exclamation de Joëlle la tire de ses pensées :

-         « Alors là, tu m’épates Thérèse. Tu es en train de me dire que si tu gagnais au loto, tu ne serais pas forcément plus heureuse que maintenant ?! Avec tout ce que tu pourrais te payer ?! Comment c’est possible ? »

-         « Oui, je le pense. Tu sais, je ne suis pas riche, mais je le suis suffisamment pour ne pas me préoccuper d’argent. « Avoir » m’intéresse de moins en moins. En revanche « Etre » m’attire. »

-         « T’es bizarre toi, mais qu’est-ce que tu me fais rire ! » dit Joëlle en pouffant.

Alice tout à coup se redresse. Ca faisait longtemps qu’elle n’avait pas entendu de paroles aussi attirantes puisqu’en concordance avec sa problématique du moment. Enfin elle se sent motivée pour apporter les gambas au curry sur la table ! Alors oui, « a bas la futilité » et vive « le sens de la vie », Thérèse me voila ! Alice pénètre dans la pièce tenant le saladier à bout de bras :

-         «  Et voila le plat de résistance… passons à la suite »

Comments

[Agnès]

J'adore le résultat de ces ateliers d'écriture. Un vrai talent émerge, attention à ne pas te faire embaucher pour écrire des nouvelles de bord de mer :-) Je vais de ce pas voir s'il existe de tels ateliers dans mon quartier...